Amis, citoyens, camarades,
Un rassemblement annuel présente un avantage. Celui d’entretenir la mémoire, mais aussi, celui de prendre la mesure des enjeux de notre combat pour la défense de la Loi de séparation des Eglises et de l’Etat.
La loi de 1905 est d’abord et avant tout une loi de liberté.
Elle garantit la liberté de conscience.
Le mouvement républicain en France a mis plus d’un siècle pour élaborer les principes juridiques qui la fondent. Ceux-ci ont permis, sur le plan de la spiritualité, de traduire concrètement dans le droit positif, la formule républicaine : « Liberté, Egalité, Fraternité ».
Cela nous amène à une première réflexion.
La Laïcité est d’abord un principe républicain. Il faut souligner l’importance du mot « Egalité ».
Une Liberté sans Egalité, ce n’est pas une liberté, c’est le cache-sexe d’un privilège.
Une Fraternité sans égalité, ce ne n’est pas une fraternité, c’est une vulgaire charité qui camoufle elle aussi un privilège.
Le chemin a été long et difficile, depuis la tentative déraisonnable et sans avenir, d’instaurer, en 1790, un clergé républicain assermenté sous tutelle de l’Etat, jusqu’à la loi de 1905 qui instaurait enfin, comme disait Victor Hugo : « l’Eglise chez elle et l’Etat chez lui ».
La loi de 1905 instaure l’égale considération par les pouvoirs publics de tous les citoyens.
L’égalité est instaurée entre les citoyens, et non pas entre les communautés.
Il n’y a plus de hiérarchie parmi les options spirituelles des membres de la société, entre ceux qui croient au ciel et ceux qui n’y croient pas. Mais aussi, pour ceux qui croient au ciel, il ne doit pas y avoir de religions qui seraient « totalement libres » et d’autres qui seraient uniquement en « liberté surveillée ».
Après les évènements de janvier 2015, on a entendu beaucoup de dignitaires religieux condamner les attentats. Le Pape a expliqué, à l’époque, à propos des « blasphèmes »: « si un grand ami parle mal de ma mère, il peut s’attendre à un coup de poing ». S’il met sur le même plan, d’une part une critique ou un dessin humoristique sur une religion et d’autre part une insulte personnelle particulièrement agressive, cela prouve qu’il ne fait pas la différence entre critiquer un dogme et agresser une personne.
Manifestement, les dignitaires religieux ont beaucoup de mal à comprendre ce qu’est la liberté de conscience.
Pour eux, elle s’arrête aux « libertés religieuses ». Or la loi de 1905 ne parle pas de libertés religieuses mais de libre exercice des cultes, ce qui n’est pas pareil. De fait, les libertés religieuses consistent essentiellement en une liste de contraintes, de tabous ou d’interdits religieux en tout genre. Et face à ceux-ci, c’est à chaque citoyen d’accepter ou non de les respecter. La liberté de ce choix doit être garantie par la République.
On ne peut pas oublier non plus que le 11 janvier l’ambassadeur d’Arabie Saoudite défilait à Paris alors que 2 jours avant, le blogueur Raif Badawi recevait les 50 premiers coups de fouet de sa condamnation à 1000 coups de fouets pour blasphême.
En Arabie Saoudite, l’Etat est le bras armé de l’Eglise, comme c’était le cas en France avant la loi de 1905. Que les Eglises soient intolérantes, c’est dans leur nature. C’est aux élus et aux fonctionnaires de la République de ne pas se faire leurs relais.
Aujourd’hui, il semblerait que dans leur quasi-totalité, les dirigeants politiques soient « laïques » et refusent le communautarisme. En regardant de plus près, il s’agit pour nombre d’entre eux de dénoncer un communautarisme particulier pour en privilégier d’autres. Pour la Libre Pensée, une telle position relève non de la laïcité mais de la xénophobie.
Nous constatons que depuis des années les solidarités sociales républicaines sont remises en cause par les gouvernements qui se succèdent ; c’est cela qui favorise les replis communautaristes.
Le communautarisme s’oppose à l’unité et l’indivisibilité de la République qui garantit l’égalité des droits des citoyens.
Le communautarisme, on sait y entrer facilement : par commodité, par lâcheté, par clientélisme clérical, linguistique ou ethnique. Mais en sortir sans atrocités est bien plus difficile.
Prenons un exemple. En 1926, le Liban, encore sous protectorat français, s’est doté d’une constitution fondée sur le confessionnalisme politique ; d’après la constitution elle-même, ce fonctionnement devait être provisoire. Le Pacte national de 1943 a prolongé ce dispositif. Le président de la République Libanaise est chrétien maronite, le président du Conseil des ministres est musulman sunnite et le président du Parlement, musulman chiite. Ce système particulièrement instable sera impuissant face aux atrocités que le Liban a connues de 1975 à 1990. Et pourtant, la constitution du Liban affirme « La suppression du confessionnalisme politique constitue un but national essentiel pour la réalisation duquel il est nécessaire d’œuvrer suivant un plan par étapes ».
En France, nous constatons que le communautarisme a été réinstauré depuis le début de la Vème République : dès 1959, la Loi Debré décidait de financer les écoles confessionnelles (à 95% catholiques). Ainsi, chaque année, l’Etat et les collectivités locales versent près de 10 milliards d’euros pour des écoles qui ont pour but l’évangélisation des enfants.
La Libre Pensée exige la séparation de toutes les Eglises et de l’Etat.
Elle appelle à une manifestation nationale à Paris le 5 Décembre 2015 :
- Pour la défense de la laïcité et de la loi de 1905
- Pour l’abrogation de la loi Debré
Défendons la laïcité !
A bas la Calotte, à bas tous les cléricalismes !
Vive la République sociale !
Je vous remercie.