Rassemblement, dimanche 1er juillet 2018 à 19h30
Rue Chevalier de La Barre – La Seyne sur Mer
Pour la défense de la laïcité
Depuis un an, M. Macron multiplie les visites officielles auprès des religions.
A chaque fois, M. Macron prononce un discours-fleuve qui contredit radicalement la séparation des Eglises et de l’Etat.
A chaque fois, M. Macron s’adresse aux religions comme si celles-ci étaient des partenaires du pouvoir exécutif.
A chaque fois, M. Macron leur définit une mission spécifique dans la société.
Devant chaque religion, M. Macron développe un discours particularisé sur la situation politique en France et dans le monde.
Et devant chaque religion, M. Macron expose des considérations personnelles sur leur « spiritualité » spécifique.
Cette attitude remet en cause radicalement l’esprit de la loi de 1905.
La séparation des Eglises et de l’Etat est une condition nécessaire pour que chaque citoyen soit traité avec une égale considération par la puissance publique et que lui soit garantie pleinement sa liberté de conscience.
La posture de M. Macron a deux conséquences :
· Les citoyens athées, agnostiques ou tout simplement indifférents (et c’est la grande majorité) deviennent des citoyens de seconde catégorie.
· Les citoyens professant une croyance se retrouvent assignés à leur supposée « spiritualité ».
L’égalité des citoyens est menacée.
Leur liberté de conscience est menacée.
Macron chez les musulmans – 20 juin 2017 (Iftar)
Au Conseil Français du Culte Musulman (CFCM).
S’adressant au Président du CFCM pour lui dire « la reconnaissance de la République française », il constate peu après qu’il « reste bien des liens à tisser entre vous et la République » pour affirmer « nous avons aujourd’hui en commun des combats à mener ». Le cadre est posé : il n’est plus question de séparation des Eglises et de l’Etat mais d’un véritable partenariat.
Rentrant plus dans le détail, de ces combats à mener en commun, il prend comme exemple l’attitude du CFCM face au terrorisme en soulignant le travail déjà accompli, en particulier, la « Convention citoyenne des musulmans de France ».
Est-ce le rôle du Président de la République de donner sa caution à un texte religieux ? Ce texte considère « que le voile est une prescription religieuse » ; il condamne l’avortement, la PMA hors filiation et la GPA. Une femme musulmane qui voudrait ne plus porter le voile, interrompre une grossesse ou bénéficier de la PMA se retrouve ainsi doublement emprisonnée : par son environnement communautaire religieux et par l’aval que donne à ce texte la plus haute Institution de la République. Est-ce le rôle du Président d’enfermer les citoyens dans les mœurs de leur communauté d’origine ?
Macron chez les protestants
22 septembre 2017 – 500 ans de la réforme protestante
Dans son introduction, il affirme « …je ne rendrais nullement service à la laïcité si je m’adressais à vous comme une association philosophique… Votre identité de protestant ne se construit pas dans la sécheresse d’une sociologie mais dans un dialogue intense avec Dieu et c’est cela que la République respecte… Le sang du protestantisme coule dans les veines de la France ». Après avoir mentionné Benjamin Constant et Max Weber à propos du libéralisme, il explique : « Ces entrelacs intimes de libertés d’ordres divers ne sont en rien étranger à la sécession ecclésiale qui fut le combat de Luther puis de Calvin ». Le moins que l’on puisse dire, c’est que ces « entrelacs intimes de libertés » n’ont pas été évidents pour Michel Servet brûlé vif à Genève sur ordre de Calvin pour avoir récusé le dogme de la Trinité et la nature divine du Christ, ni pour les paysans allemands insurgés contre la misère et massacrés sous les encouragements de Luther. Mais surtout, les textes de Luther contre les juifs sont l’une des origines de l’antisémitisme dans le monde germanique. Et lorsque Macron déclare « le sang du protestantisme coule dans les veines de la France » et « Nous avons besoin que vous restiez la vigie de la République, son avant-garde dans les combats philosophiques, moraux, politiques… », il méprise tous les autres citoyens qui n’ont pas « le même dialogue intense avec Dieu ».
Et lorsque pour la bioéthique, il explique « la manière que j’aurai d’aborder ces débats ne sera en rien vous dire que le politique a une prééminence sur vous et qu’une loi pourrait trancher ou fermer un débat qui n’est pas mûr », il considère que l’accord des religions est nécessaire avant toute nouvelle législation ! Si l’on avait dû attendre que le « débat » soit mûr pour la contraception, l’IVG, la PMA, le mariage pour tous …etc, on en serait encore au Moyen-Age ! Et quid de la « maturité » du « débat » sur le droit de mourir dans la dignité ?
Macron chez les catholiques – Collège des Bernardins.
9 Avril 2018 – Conférence des évêques de France.
« …que le lien entre l’Eglise et l’Etat s’est abîmé, et qu’il nous importe à vous comme à moi de le réparer ». Bien des commentateurs ont souligné l’absurdité d’une telle formule et le danger qu’elle fait peser sur la loi de séparation des Eglises et de l’Etat. Après avoir cité « l’Union Sacrée de 1914 », Macron affirme : « oui, la France a été fortifiée par l’engagement des catholiques », « je suis convaincu que la sève catholique doit contribuer encore et toujours à faire vivre notre nation… La République attend beaucoup de vous… nous avons besoin de donner un cap à notre action, et ce cap, c’est l’homme. Or il n’est pas possible d’avancer sur cette voie sans croiser le chemin du catholicisme qui depuis des siècles creuse patiemment ce questionnement…dans un dialogue avec les autres religions ». Les protestants et les juifs ont pu pendant des siècles apprécier la qualité du « dialogue » avec l’Eglise catholique.
Mais une bonne partie du discours tourne autour de la charité : « Vous êtes aujourd’hui une composante majeure de cette partie de la Nation qui a décidé de s’occuper de l’autre partie… celle des malades, des isolés, des déclassés, des vulnérables, des abandonnés, des handicapés, des prisonniers, quelle que soit leur appartenance ethnique ou religieuse », pour déclarer « le travail que vous accomplissez n’est pas un pis-aller mais une part du ciment même de la cohésion sociale… je suis venu vous demander de faire davantage encore ». Macron détruit les services publics, réduit les prestations sociales et demande à l’Eglise d’augmenter son activité caritative. Echanger la solidarité républicaine contre la charité catholique, c’est revenir au XIXème siècle lorsque l’Eglise assurait le « ministère des pauvres ».
« Ce à quoi je veux vous appeler ce soir, c’est à vous engager politiquement dans notre débat national et dans notre débat européen ». Et de déplorer « Nous avons trop de concitoyens qui pensent que ce qui est acquis, est devenu naturel… trop de nos concitoyens pensent que la fraternité dont on parle, c’est une question d’argent public et de politique publique et qu’ils n’y auraient pas leur part indispensable. ». Contre cela, il demande « un engagement politique profond ; un engagement politique auquel j’appelle les catholiques pour notre pays et pour notre Europe… ne renoncez pas à la République que vous avez si fortement contribué à forger ». On croit rêver ! L’Eglise n’a cessé de condamner la République jusqu’à l’Encyclique Rerum Novarum (1891) soit plus d’un siècle après la Révolution Française ; c’est ce que Macron appelle « contribuer fortement à la forger » !
Dans son délire mystique, Macron se permet toutes les extravagances : « Il est enfin une dernière liberté dont l’Eglise doit nous faire don, c’est de la liberté spirituelle ». La pseudo « liberté spirituelle » de l’Eglise catholique, tous les citoyens attachés à la liberté de conscience la refusent. C’est contre cette « liberté » que notre Cercle organise chaque année un rassemblement à la Seyne sur Mer pour commémorer le supplice du Chevalier de La Barre, le 1er Juillet 1766, torturé pendant 13h pour ne pas s’être découvert au passage d’une procession et pour avoir possédé le dictionnaire philosophique portatif de Voltaire.
En conclusion
Nous ne pouvons pas dans ce texte reprendre toute la production « philosophique » de Macron sur la spiritualité et le sens de la vie ; il semble considérer que seule la foi en une transcendance divine (voire seule la foi chrétienne) peut permettre à chaque individu de se forger un idéal et peut répondre à ses interrogations sur la question du salut ! Macron affiche une proximité spirituelle avec le christianisme. Cela ne peut être perçu que comme une humiliation vis à vis de tous les citoyens qui ont dépassé les angoisses existentielles chrétiennes.
Mais un autre problème se pose :
Pourquoi parle-t’il des problèmes sociaux aux chrétiens et pas aux autres ?
Pourquoi parle-t’il de la Centrafrique, du Tchad, du Sahel, de la Libye, de Haïti et de la Nouvelle-Calédonie aux protestants et pas aux autres ?
Pourquoi parle-t’il de la sécurité d’Israël aux juifs et pas aux autres ?
Pourquoi demande-t’il aux catholiques de dialoguer avec les musulmans et pas aux autres ?
Pourquoi demande-t’il aux chrétiens de s’investir dans des activités « sociales » et pas aux autres ?
Pour Macron il est clair que chaque religion a un rôle, une place, une responsabilité politique spécifique à assumer dans la République, chaque religion est traitée comme un « corps intermédiaire » institutionnel. La République n’est plus indivisible. Cette conception tourne radicalement le dos à la Séparation des Eglises et de l’Etat. Elle pousse jusqu’à son terme la logique de l’Union Européenne (« Reconnaissant leur identité et leur contribution spécifique, l’Union maintient un dialogue ouvert, transparent et régulier avec ces églises et organisations ») et contredit totalement la loi de 1905 : « La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte ».
Pour la défense de la laïcité
Rassemblement, Dimanche 1er Juillet 2018 à 19h30
Rue Chevalier de La Barre – La Seyne sur Mer